• Oct 26, 2021
  • Perspectives

Le nouveau cabinet fédéral

Le premier ministre Justin Trudeau a procédé à un remaniement de son Cabinet, effectuant d’importants changements de portefeuille destinés à permettre à son gouvernement d’agir rapidement sur les grandes priorités du troisième mandat du gouvernement libéral, et à donner un nouveau visage à son gouvernement à l’aube d’un nouveau parlement.

La taille du Cabinet fédéral passe à 39, y compris le premier ministre. Vingt-deux ministres existants ont de nouvelles fonctions ou des rôles supplémentaires, huit membres du Parlement rejoignent le Cabinet pour la première fois, huit ministres demeurent à leur ancien poste tandis que trois ministres quittent le Cabinet pour faire place à de nouveaux visages. En outre, le nouveau Cabinet est pratiquement équilibré en termes de genre, avec 19 femmes et 19 hommes, sans compter le premier ministre lui-même – conformément à l’engagement pris par le premier ministre en 2015 de respecter la parité hommes-femmes au sein de son Cabinet. Comme toujours lors de la constitution d’un Cabinet, le premier ministre Trudeau a également tenu compte de la représentation régionale et démographique ainsi que des profils linguistiques.

Un certain nombre de changements importants au sein du Cabinet ont été annoncés mardi

Le premier ministre met cette équipe renouvelée en position de réaliser un programme « progressiste » et « ambitieux », déterminé à mener à bien la lutte contre la COVID-19 et à faire avancer le Canada au-delà de la pandémie. Les principales priorités du gouvernement, qui se reflètent dans la nouvelle composition du Cabinet, comprennent la reconstruction de l’économie et de l’emploi, la lutte contre le changement climatique, la finalisation des accords sur les services de garde d’enfants avec l’ensemble des provinces et des territoires, la promotion de la réconciliation avec les Autochtones et l’amélioration de l’accès au logement pour les Canadiens. Les changements ministériels visent également à s’attaquer au problème de l’inconduite sexuelle dans les Forces canadiennes, à la mise en œuvre du programme climatique robuste du Canada et aux inégalités économiques et sociales mises en évidence par la pandémie.

Avant le remaniement ministériel, le premier ministre Trudeau avait déjà fait savoir que Chrystia Freeland resterait à la fois vice-première ministre et ministre des Finances. La première priorité du gouvernement fédéral demeure la COVID-19, et depuis les élections du 20 septembre, la ministre Freeland a soutenu le premier ministre dans l’avancement des politiques de vaccination obligatoire du gouvernement fédéral, et dans la réorganisation des programmes de soutien face à la COVID-19. La ministre Freeland est considérée comme une ardente défenseuse de l’emploi des femmes et de la garde des enfants. Elle est la première femme ministre des Finances du Canada et s’impose de plus en plus comme chef des opérations de facto du Cabinet.

THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld

La Québécoise Mélanie Joly a été propulsée au portefeuille des Affaires étrangères. En tant que ministre, Mme Joly a connu des succès et des défis dans le passé, notamment dans son rôle de ministre du Patrimoine canadien. Il s’agit d’une promotion importante pour la ministre Joly, qui occupait jusqu’à tout récemment le poste de ministre du Développement économique et des Langues officielles. Elle succède à Marc Garneau, qui n’est plus membre du Cabinet, mais qui, selon les rumeurs, pourrait être nommé à un poste diplomatique.

THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld

Comme prévu, Harjit Sajjan a été retiré du portefeuille de la Défense nationale et remplacé par Anita Anand. La ministre Anand est considérée comme ayant habilement géré le déploiement des efforts d’acquisition des vaccins contre la COVID-19 du Canada lorsqu’elle était ministre de Services publics et Approvisionnement, et sa nomination au MDN est considérée comme un changement nécessaire après des mois de controverse persistante sur l’inconduite sexuelle. La ministre Anand est seulement la deuxième femme à détenir le portefeuille de la Défense dans l’histoire du Canada. Pour sa part, le ministre Sajjan assumera le portefeuille du Développement international et sera le ministre responsable de la nouvelle Agence de développement économique du Pacifique [C.-B.].

L’ancienne ministre du Développement international, Karina Gould, est nommée au ministère de la Famille, des Enfants et du Développement social. Elle sera chargée de mener à bien les dernières ententes sur la garde d’enfants avec les provinces et territoires restants.

Soulignant l’accent mis par le programme électoral de ce gouvernement sur l’abordabilité du logement au Canada, Ahmed Hussen assume un nouveau portefeuille en tant que ministre du Logement et de la Diversité et de l’Inclusion. Il sera appuyé par les ministères du Patrimoine canadien, des Femmes et de l’Égalité des genres et de la Jeunesse et d’Infrastructure Canada.

BLAIR GABLE/REUTERS

À quelques jours de la conférence sur le climat COP26 à Glasgow, le premier ministre Trudeau a nommé un nouveau ministre de l’Environnement et du Changement climatique, le vétéran militant écologiste Steven Guilbeault assumant ce rôle. Avant son élection en 2019, M. Guilbeault était impliqué dans les ONGE Greenpeace et Équiterre. Il n’a pas caché son désir de devenir ministre de l’Environnement, s’impliquant dans les discussions clés sur le climat et l’environnement autour de la table du Cabinet. M. Guilbeault est considéré comme une « star » au Québec, mais il a eu une expérience difficile au ministère du Patrimoine canadien – son portefeuille précédent – où il a géré une proposition de loi sur la radiodiffusion. Cette nomination envoie un signal très clair de l’intention du gouvernement Trudeau de redoubler d’efforts en matière de politique sur le changement climatique. Le programme électoral libéral promettait de plafonner les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur pétrolier et gazier « au rythme et à l’échelle nécessaires pour atteindre l’objectif de carboneutralité d’ici 2050, avec des objectifs quinquennaux » à partir de 2025 et 2030.

La nomination de l’ancien ministre de l’Environnement Jonathan Wilkinson au ministère des Ressources naturelles est probablement une bonne nouvelle pour ceux qui ont vu en lui un représentant très efficace dans le dossier du changement climatique. Le ministre Wilkinson est considéré comme équilibré, méthodique et modéré, avec de bons liens avec l’industrie. Il a obtenu une reconnaissance internationale pour ses efforts en matière de changement climatique en vue de la COP26 et dirigera la délégation canadienne, aux côtés du ministre Guilbeault. Il n’est pas encore clair comment la responsabilité de la politique en matière de changement climatique et le déploiement d’un investissement net zéro dans plusieurs portefeuilles (y compris l’industrie) se répartiront au sein du Cabinet (entre lui, le ministre Guilbeault et d’autres). Les deux portefeuilles ont traditionnellement un certain degré de tension créative et se tiennent mutuellement en échec, tout en faisant progresser conjointement les objectifs énergétiques et environnementaux. Cette dynamique est au cœur de la transition énergétique au Canada et dans le monde.

À la Santé, le portefeuille sera désormais partagé entre Jean-Yves Duclos, le nouveau ministre de la Santé du Canada, et Carolyn Bennett, qui assume un nouveau rôle de ministre de la Santé mentale et des Dépendances et de ministre associée de la Santé. Il s’agit de la réintroduction d’un rôle de ministre junior à Santé Canada pour aider à un rythme défini, et aussi de séparer la santé mentale et les dépendances, largement reconnues comme des victimes majeures de la pandémie, comme un ensemble de questions spécifiques avec son propre responsable. Pour sa part, le ministre Duclos sera perçu comme ramenant une main technocratique stable au portefeuille de la Santé, et le centre de gravité de la prise de décision sera probablement déplacé vers la santé à partir du Comité du Cabinet sur la COVID-19. Le ministre Duclos est méthodique dans son approche et a l’expérience du travail avec les organismes de réglementation et des processus de prise de décision basés sur des preuves.  

Dominic LeBlanc ajoute l’Infrastructure et les Collectivités à ses responsabilités en matière d’Affaires intergouvernementales. Cette combinaison est conçue pour faciliter l’acheminement des fonds destinés à l’infrastructure, une difficulté que le gouvernement fédéral n’a pas réussi à résoudre en partie parce que la plupart des dépenses d’infrastructure nécessitent la participation des provinces et des municipalités. M. LeBlanc participera également à la négociation des changements apportés aux transferts aux provinces en matière de santé et de COVID-19 – un rôle pour lequel il est bien adapté compte tenu de sa personnalité et de sa sympathie générale.

Marc Miller passe aux Relations Couronne-Autochtones, le point névralgique des efforts du gouvernement en matière de réconciliation avec les Autochtones. Il a été très efficace à Services aux Autochtones et a établi de solides relations avec les dirigeants autochtones. Il a impressionné par sa franchise et son empathie.

Patty Hajdu succède au ministre Miller à Services aux Autochtones après un mandat incertain à la Santé. La ministre Hajdu a une expérience en organisation communautaire, est une militante sociale et est originaire du Nord de l’Ontario. Elle sera probablement très impliquée dans le dossier. 

Le redoutable François-Philippe Champagne reste à Innovation, Sciences et Industrie. Notamment, le Développement économique est revenu au modèle traditionnel où différents ministres dirigent différentes agences de développement régional. Traditionnellement, cela créait une tension concurrentielle positive à la table du Cabinet, les différents champions régionaux plaidant en faveur de projets et d’industries sur leur propre terrain. Auparavant, le gouvernement Trudeau avait centralisé tous ces rôles sous la responsabilité d’un seul ministre, ce qui en faisait un rôle de rapport et de gestion, plutôt qu’un rôle de champion régional. Ce retour à des ministres individuels sera très familier pour plusieurs, mais il ramène aussi davantage de politique dans la discussion sur le développement économique.

Alors que le développement économique relève du ministère de l’Industrie, des Sciences et du Développement économique (ISDE), l’annonce de mardi a fait de la ministre Mary Ng la ministre du Commerce international, de la Promotion des exportations, des Petites Entreprises et du Développement économique, tout en nommant des ministres pour chaque agence de développement.

Un autre changement à noter est la séparation de la Protection civile de la Sécurité publique. Alors que Marco Mendicino prendra la relève à la Sécurité publique, Bill Blair aété nommé président du Conseil privé de la Reine pour le Canada et ministre de la Protection civile. Il sera appuyé à la fois par le Bureau du Conseil privé et par Sécurité publique Canada. Ce changement d’appareil est le reflet de l’ère de la COVID-19, qui redéfinit ce que signifie l’intervention d’urgence – elle n’est plus seulement définie par l’application de la loi et l’intervention militaire en cas de crise, mais par la création d’un centre permanent de coordination interministérielle et intergouvernementale centré sur le BCP, et par l’élargissement de l’approche à des organismes tels que les ministères provinciaux de la Santé. 

Le portefeuille des Pêches et des Océans revient à la Britanno-Colombienne Joyce Murray, après la défaite de son prédécesseur aux urnes. Le portefeuille alterne traditionnellement entre les côtes, ce qui signifie que le centre de gravité se déplacera naturellement des questions telles que le différend sur la pêche au homard autochtone dans les eaux de l’Atlantique vers les priorités de la côte Ouest comme la protection du saumon – un terrain politique plus sûr pour le gouvernement et des engagements sur lesquels les libéraux ont déjà fait campagne.

En plus du départ de Marc Garneau, Bardish Chagger, anciennement ministre de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse, et Jim Carr, qui était représentant spécial pour les Prairies, ne feront plus partie du Cabinet.

Changements de personnel au CPM

Avant l’annonce du Cabinet, le chef de cabinet du premier ministre, Katie Telford, a annoncé deux nominations de haut niveau au CPM :

Brian Clow, anciennement directeur général de la gestion des enjeux, des affaires parlementaires et des relations canado-américaines, deviendra chef de cabinet adjoint et supervisera les équipes des affaires parlementaires, de la gestion des enjeux, des communications et des politiques. Il continuera également à superviser les équipes des affaires mondiales et de la COVID-19 du cabinet.

Marjorie Michel, qui était directrice des opérations du Québec pour les campagnes électorales de 2019 et 2021, devient chef de cabinet adjointe, gérant le bureau exécutif, les opérations, la sensibilisation, les nominations publiques et les ressources humaines.

Ce qu’il faut garder à l’œil

Dans le cadre des mises à jour plus larges sur le personnel des cabinets ministériels, il convient de noter que le roulement du personnel a été très faible depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux en 2015. Parallèlement à l’important remaniement ministériel, de nombreux employés de longue date devront déterminer s’ils veulent rester dans leur portefeuille actuel ou auprès de leur ministre ou, au contraire, saisir l’occasion d’évoluer professionnellement.

Comme pour la formation du Cabinet, il existe une séquence et un effet domino dans les changements de personnel au sein des bureaux politiques. Les changements au niveau du chef de cabinet devront probablement être effectués en premier lieu avant que d’autres changements de personnel puissent avoir lieu, ce qui laissera le personnel plus subalterne dans une situation d’attente pour la semaine ou les deux semaines à venir. Cela dit, c’est l’occasion de récompenser les personnes les plus performantes et d’injecter du sang neuf, bien que le bassin de personnel politique fédéral expérimenté se réduise certainement. La dotation en personnel ministériel sera idéalement réglée avant le retour du Parlement à la fin novembre.

Avec un certain nombre de constructions notables au sein de la structure du Cabinet, il sera également important de garder un œil sur tout changement supplémentaire de l’appareil gouvernemental, à la fois dans les structures hiérarchiques des ministères, mais aussi dans les structures et les affectations des comités du Cabinet. Les lettres de mandat devraient être publiées en temps utile, mais elles seront probablement retardées jusqu’à ce que le discours du Trône soit prononcé le 22 ou le 23 novembre.

La Chambre des communes reprendra ses travaux le 22 novembre, en commençant par l’élection du président et le prononcé du discours du Trône le même jour ou le lendemain, qui énonce officiellement le mandat du gouvernement dans ses grandes lignes.

Liste complète des changements de Cabinet

Les ministres suivants restent dans leurs portefeuilles préélectoraux :

  • Chrystia Freeland demeure vice-première ministre et ministre des Finances
  • Omar Alghabra demeure ministre des Transports
  • Marie-Claude Bibeau demeure ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire
  • François-Philippe Champagne reste ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie
  • Diane Lebouthillier demeure ministre du Revenu national
  • David Lametti demeure ministre de la Justice et procureur général du Canada
  • Lawrence MacAulay demeure ministre des Anciens Combattants et ministre associé de la Défense nationale
  • Carla Qualtrough demeure ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes handicapées.

Les membres expérimentés du Cabinet suivants ont de nouveaux rôles :

  • Mélanie Joly, anciennement ministre du Développement économique, succède à Marc Garneau au poste de ministre des Affaires étrangères.
  • Stephen Guilbeault, anciennement ministre du Patrimoine canadien, devient ministre de l’Environnement et du Changement climatique, succédant à Jonathan Wilkinson, qui passe aux Ressources naturelles.
  • Harjit Sajjan quitte la Défense nationale pour devenir ministre du Développement international et ministre responsable de l’Agence de développement économique du Pacifique.
  • La nouvelle ministre de la Défense est Anita Anand, anciennement ministre des Services publics et Approvisionnement.
  • Pablo Rodriguez, qui était leader du gouvernement à la Chambre, est le nouveau ministre du Patrimoine canadien.
  • Patty Hajdu, qui était ministre de la Santé, devient ministre de Services aux Autochtones et ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Nord de l’Ontario.
  • Le nouveau ministre de la Santé est Jean-Yves Duclos, anciennement secrétaire du Conseil du Trésor. Santé Canada aura désormais deux ministres, puisque Carolyn Bennett assume un nouveau portefeuille en tant que ministre de la Santé mentale et des Dépendances et ministre associée de la Santé.
  • Dominic LeBlanc ajoute à son portefeuille actuel des Affaires intergouvernementales la fonction de ministre de l’Infrastructure et des Collectivités.
  • Karina Gould, anciennement ministre du Développement international, devient ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social.
  • Ahmed Hussen, anciennement ministre des Familles, des Enfants et du Développement social, est nommé ministre du Logement, de la Diversité et de l’Inclusion.
  • Seamus O’Regan passe des Ressources naturelles au Travail.
  • Bill Blair, anciennement ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, occupera les fonctions de président du Conseil privé de la Reine et de ministre de la Protection civile.
  • Joyce Murray est nommée ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne. Auparavant, elle était ministre du gouvernement numérique, un poste qui n’existe plus au sein du Cabinet remanié.
  • Mona Fortier succède à Jean-Yves Duclos au Conseil du Trésor; elle était auparavant ministre associée des Finances et ministre de la Prospérité de la classe moyenne.
  • Marco Mendicino passe de ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté à celui de la Sécurité publique.
  • Marc Miller, anciennement ministre de Services aux Autochtones, devient ministre des Relations Couronne-Autochtones.
  • Ginette Petipas Taylor, ancienne ministre de la Santé lors du premier mandat du gouvernement Trudeau, revient au Cabinet en tant que ministre des Langues officielles et ministre responsable de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique.
  • Mary Ng demeure ministre du Commerce international, de la Promotion des exportations, des Petites entreprises et du Développement économique.
  • Dan Vandal devient ministre des Affaires du Nord, ministre responsable de Développement économique Canada-Prairies et ministre responsable de l’Agence canadienne de développement économique du Nord.

Les personnes suivantes se joignent au Cabinet pour la première fois :

  • Randy Boissonnault est nommé ministre du Tourisme et ministre associé des Finances.
  • Sean Fraser devient ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
  • Mark Holland est le nouveau leader parlementaire du gouvernement.
  • Gudie Hutchings sera ministre du Développement économique rural.
  • Marci Ien est nommée ministre des Femmes et de l’Égalité des genres et de la Jeunesse.
  • Helena Jaczek (Ontario) sera la ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario.
  • Kamal Khera est le nouveau ministre des Aînés.
  • Pascale St-Onge est nommée ministre des Sports et ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.

Feature image photo credit: Governor General’s Twitter account

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