Écrit par Velma McColl
Il est impossible pour un chef ou un parti politique d’ignorer les 500 000 personnes qui sont venues à Montréal vendredi ou encore les milliers qui ont défilé à travers le pays. Seule une partie des élèves présents était en âge de voter, mais chaque groupe comprenait d’autres groupes démographiques importants (18-34, urbains, autochtones, femmes, parents/grands-parents). Les rues étaient remplies d’affiches fabriquées à la main dont le refrain culminant pour les politiciens était « Vous n’en faites pas assez – assez rapidement » et « nous en avons assez de vos excuses ».
Alors que les libéraux ont réussi à mobiliser la conscience climatique en 2015, les experts se demandaient s’ils retourneraient aux urnes en nombre suffisant en 2019. Greta Thunberg et la grève climatique de mi-campagne peuvent avoir servi à galvaniser ces voix – sauf que cette fois, ils sont à la recherche d’un foyer politique – avec le NPD et les verts en lutte de près avec les libéraux.
Le Parti vert d’Elizabeth May promet d’annuler le pipeline Trans Mountain (TMX) et de réinvestir l’argent dans un réseau national d’énergie renouvelable, en éliminant les véhicules à combustibles fossiles et en réduisant les émissions de 60 % d’ici 2030. Les libéraux et les verts partagent l’engagement d’aller plus vite que l’Accord de Paris et d’atteindre des émissions nettes égales à zéro d’ici 2050. Des sondages récents indiquent que les électeurs du NPD placent le changement climatique comme le problème numéro un, ce qui donne lieu à une plate-forme qui comprend des stratégies pour 300 000 emplois dans une économie verte, le transport en commun, les véhicules zéro émission, l’électricité sans carbone et la législation visant à atteindre les objectifs de réduction des émissions.
Avec l’achat de TMX et certains des compromis nécessaires au gouvernement, les engagements verts des libéraux sont devenus quelque peu ternis malgré l’investissement grandissant dans les technologies et les politiques de croissance propre que n’importe quel gouvernement dans l’histoire du Canada. Malgré l’altercation verbale préélectorale sur la tarification du carbone avec les premiers ministres provinciaux conservateurs, les libéraux ont concentré leur positionnement sur le changement climatique autour des transports, des immeubles, de l’infrastructure résiliente au climat et de l’innovation verte, y compris une réduction d’impôt pour les entreprises de technologies propres.
Pour plusieurs, la critique des conservateurs à l’effet que la tarification du carbone est trop élevée (leur publicité est maintenant en rotation fréquente) est éclipsée par l’insuffisance des mesures de politique climatique du parti. Les conservateurs font appel à leur base biaisée de plus de quarante ans et masculine en majorité qui réagit négativement aux coûts des politiques sur le carbone, en vantant leurs crédits de rénovation domiciliaire et leur désir d’utiliser les fonds recueillis auprès de l’industrie pour réinvestir dans les technologies propres au Canada. La décision de M. Scheer d’éviter tout rassemblement climatique la semaine dernière a été largement soulignée alors que tous les autres dirigeants s’y sont joints.
Alors qu’aucune question sur le changement climatique n’a été posée lors d’un débat national des chefs en 2011, il est probable que dans les trois débats à venir, tous les partis devront expliquer pourquoi leur approche sert le mieux les intérêts à court et à long terme des Canadiens – et la façon dont ils entendent équilibrer la composition des ressources énergétiques du Canada avec une transition vers une économie à émissions faibles ou nulles en carbone. Dans un grand changement au cours de la dernière décennie, les différences les plus fondamentales entre les partis portent sur le rythme du changement – non pas la question de savoir si des mesures importantes sont nécessaires. Un développement intéressant de cette élection est l’ensemble des débats sur le climat organisés de manière indépendante, tous candidats confondus, dans (jusqu’à présent) 117 communautés à travers le pays le 3 octobre.
Quoi qu’il en soit, les voix pour l’action climatique sont de plus en plus fortes et diversifiées. Il y a de l’inquiétude latente chez de nombreux jeunes que leur avenir planétaire et économique sera pire que celui que leurs parents ont vécu. Les préoccupations immédiates en matière d’abordabilité économique qui sont à l’origine de la campagne peuvent être assorties à une question d’abordabilité intergénérationnelle qui résonne plus profondément que de nombreux Canadiens ne le réalisent. Greta a donné la parole à des milliers de jeunes qui croient que leur avenir est hypothéqué par une facture astronomique à venir pour les conséquences du changement climatique – et qui aura, à un moment donné, un impact du point de vue politique.
Dans toute campagne électorale, ce qui importe, c’est ce qui fait bouger les votes. Il y a suffisamment de concurrence entre les plates-formes de lutte contre le changement climatique pour suggérer que tous les partis croient qu’ils peuvent conserver leurs propres bases et déplacer les gens dans les circonscriptions clés de l’Ontario, du Québec et de la C.-B. Nous ne saurons pas avec certitude dans quelle direction avant le 21 octobre.
Les sondeurs n’ont jamais vraiment fait d’analyse démographique détaillée pour déterminer si le changement climatique était très important aux gens au moment d’apposer leur X. À en juger par les jeunes mobilisés que nous avons vus la semaine dernière et les conversations qui ont lieu dans les foyers à travers le pays avec les jeunes, il serait peut-être utile de le savoir avant 2023.