• Déc 17, 2025
  • Perspectives

L’automne a changé la donne : fin de session pour le Québec

Quebec National Assembly with Provincial Flag

Fin de session parlementaire à l’Assemblée nationale du Québec après deux semaines intenses : et si un changement dans la dynamique politique s’amorçait? Depuis la mise à jour économique de novembre, au cours de laquelle le premier ministre François Legault avait présenté sa nouvelle vision économique pour la province (Le pouvoir québécois) l’ensemble du paysage politique a en effet radicalement changé.

Pablo Rodriguez a annoncé sa démission de son poste de chef du Parti Libéral du Québec (PLQ) le 18 décembre 2025, après plusieurs mois de remous au sein du parti et d’allégations d’achat de votes durant sa course à la chefferie l’été dernier. Lors d’une conférence de presse, M. Rodriguez a déclaré qu’il quittait son poste « la tête haute », ajoutant qu’il s’était toujours comporté de manière éthique et intègre. Il a également reconnu que la situation était devenue une distraction et que l’attention devait désormais se porter sur le Parti libéral du Québec.

Lorsqu’il a pris la direction du parti en juin dernier, M. Rodriguez n’avait pas de siège à l’Assemblée nationale. Il a donc demandé à Marwah Rizqy, députée libérale, d’assumer le rôle de cheffe parlementaire du parti. En novembre, il la démet de ses fonctions et la suspend du caucus libéral après qu’elle a licencié sa cheffe de cabinet et amie proche, Geneviève Hinse.

Le Journal de Montréal a également rapporté en novembre l’existence de messages texte suggérant que les membres du parti qui avaient soutenu M. Rodriguez pendant la campagne électorale avaient reçu des récompenses en espèces. L’unité anticorruption du Québec a ouvert une enquête sur ces allégations de vote contre rémunération au début du mois de décembre. M. Rodriguez a ensuite exclu une deuxième députée de son caucus, Sona Lakhoyan Olivier, de Chomedey, pour la durée d’une autre enquête à son égard menée par la commissaire à l’éthique et à la déontologie de l’Assemblée nationale.

Le leadership de M. Rodriguez au cours des six derniers mois a aidé les libéraux à se hisser en deuxième place des sondages et à se positionner en tant qu’alternative légitime au Parti québécois – bien que ce dernier bénéficie actuellement d’une avance constante de 16 points et 38 % des intentions de vote, devant les libéraux. Si le soutien global aux libéraux a récemment augmenté pour atteindre 28 %, les nombreux scandales qui ont éclaté à l’automne ont rapidement érodé le soutien interne que M. Rodriguez avait réussi à construire au sein du parti.

L’avance constante du PQ est aussi largement due à une autre session parlementaire difficile pour le premier ministre, du fait de plusieurs projets de loi controversés dont les répercussions ont dominé l’actualité et ont fini par ternir sa popularité personnelle. Les récents sondages montrent que M. Legault est maintenant le premier ministre le moins populaire du pays.

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Malgré cette chute continue de popularité, François Legault a récemment pris la fameuse marche proverbiale dans le sable (ou plutôt dans la neige dans ce cas-ci) et est arrivé à la conclusion qu’il voyait une voie à suivre pour la CAQ lors des prochaines élections et prévoyait rester à la barre pour mener à bien le prochain rendez-vous aux urnes d’octobre 2026.

Sur le plan législatif, la CAQ a mis les bouchées doubles pour faire avancer ses priorités, profitant d’une session intensive pour adopter et présenter plusieurs projets de loi importants. Elle s’est concentrée sur la législation relative à l’identité et à la langue, notamment le projet de loi 1 sur la Constitution du Québec et le projet de loi 109 visant à réglementer le contenu partagé par les diffuseurs en continu dans la province. La CAQ a également présenté une nouvelle législation visant à réduire le fardeau réglementaire et les processus environnementaux considérés comme limitant les investissements dans les secteurs économiques clés désignés par la province. Cette initiative se concentre sur les énergies renouvelables, l’efficacité dans la réalisation de projets stratégiques, les investissements interventionnistes, la transition verte, les centres de données, la sécurité et la défense, ainsi que les minéraux critiques et stratégiques.

L’Assemblée devrait reprendre ses travaux le 3 février, alors que les partis s’apprêtent à se lancer dans la dernière ligne droite avant les élections d’octobre. Le premier ministre Legault cherchera à s’appuyer sur les références commerciales qui l’ont initialement aidé à se faire élire et se concentrera sur l’amélioration de la vie quotidienne des Québécois. Cela pourrait se traduire par la mise en œuvre de sa nouvelle vision économique pour la province, en veillant à ce que la législation relative à la rationalisation des processus d’approbation des grands projets soit adoptée et en ratifiant son récent accord avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec. Le PQ espère continuer à surfer sur la vague de soutien qui le place largement en tête dans les sondages pendant que le PLQ tentera de réduire l’avance de ce dernier. Récemment, Pablo Rodriguez s’est prononcé contre le référendum promis par le PQ s’il remportait les élections de 2026. Cette opposition intervient alors qu’un sondage SOM publié par La Presse indique que 63 % des Québécois ne veulent pas d’un troisième référendum sur l’indépendance. Le PLQ espère capitaliser sur l’idée que le PQ est un choix sûr pour les Québécois mécontents de la CAQ, tout en essayant d’endiguer l’hémorragie causée par sa crise interne qui persiste.

  • Projet de loi n° 1 – Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec : Présentation.
  • Projet de loi n° 3 – Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail : Adoption du principe.
  • Projet de loi n° 5 – Loi visant à accélérer l’octroi des autorisations requises pour la réalisation des projets prioritaires et d’envergure nationale : Présentation.
  • Projet de loi n° 109 – Loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus culturels francophones dans l’environnement numérique : Accord donné le 12 décembre 2025.
  • Projet de loi n° 7 – Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître l’efficacité de l’État et à renforcer l’imputabilité des hauts fonctionnaires : Adoption du principe.
  • Projet de loi n° 9 – Loi sur le renforcement de la laïcité au Québec : Présentation.

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