• Jan 29, 2025
  • Perspectives

La menace de tarifs américains, l’identité nationale et la réforme énergétique sont au cœur des préoccupations alors que l’Assemblée nationale du Québec est de retour

Quebec Premier Francois Legault. THE CANADIAN PRESS/Karoline Boucher

L’Assemblée nationale du Québec a repris ses travaux le mardi 28 janvier. Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) est maintenant au milieu de son deuxième mandat majoritaire tumultueux. Le premier ministre François Legault et son équipe font face à un nouveau défi pour l’économie du Québec: la menace de tarifs douaniers de la part du président Trump. Dans son premier discours aux médias dans le cadre de la nouvelle session législative, le premier ministre a souligné l’ampleur de cette menace et a déclaré que lui, ainsi que la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, se concentreront sur l’étude des impacts potentiels des tarifs sur l’économie Québécoise. 

Pour lancer la session, premier ministre Legault a également annoncé quelques changements dans son cabinet, nommant Simon Jolin-Barrette ministre responsable des Relations canadiennes. Le premier objectif majeur de son mandat Jolin-Barrette sera la création d’une « Constitution du Québec ». Dans son nouveau rôle, il travaillera également en étroite collaboration avec le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, en particulier sur des questions clés telles que la langue, l’identité et la laïcité. Legault a également demandé à Sonia Bélanger, ministre des Aînés, d’assumer le rôle de ministre responsable des Laurentides en plus de ses fonctions actuelles.   

La menace de tarifs douaniers sous une éventuelle administration Trump pose un risque sérieux pour l’économie du Québec, en particulier dans les secteurs stratégiques de la province qui ont été identifiés comme des priorités pour le développement économique par le gouvernement de la CAQ. Dans son récent discours à la Chambre des représentants du GOP à Miami, le président Trump a identifié l’acier, l’aluminium, le cuivre, les puces informatiques, les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques comme cibles principales des tarifs, afin de rapatrier la capacité de fabrication et de production aux États-Unis. Les États-Unis sont le principal marché d’exportation du Québec, et parmi leurs 10 principaux produits destinés aux consommateurs et entreprises américains, la majorité sont soit sur la liste de surveillance des tarifs, cela inclut : l’aluminium, le cuivre et les produits pharmaceutiques et médicaments ainsi que les exportations importantes de métaux non ferreux, de camions et véhicules légers, des produits forestiers, d’avions et de moteurs d’avion. 

Dans les semaines à venir, le gouvernement de la CAQ continuera de cartographier les impacts économiques par secteur et par région. Le premier ministre Legault a récemment rencontré des représentants de la Fédération des travailleurs du Québec et du Fonds FTQ sur ce sujet, et se rendra cette semaine au Saguenay-Lac-Saint-Jean et à la Côte-Nord – régions principales pour la production d’aluminium et de cuivre – pour parler aux résidents et à l’industrie. Adoptant son ton habituel de « Québec d’abord », Legault a déclaré que le gouvernement garde ces régions et secteurs stratégiques à l’esprit alors qu’il évalue les mesures de rétorsion possibles et les programmes d’aide pour les Québécois(es) affecté(es). Plus tôt cette semaine, le premier ministre Legault a reconnu la nécessité d’une réponse canadienne unifiée aux tensions commerciales avec les États-Unis, et il a déclaré qu’il continuerait à s’engager avec ses homologues fédéraux et provinciaux. Sa position reste que rien ne doit être exclu en ce qui concerne les mesures de rétorsion, et il a évoqué l’idée de modéliser la réponse commerciale canadienne après les politiques « Buy American » de Biden. 

Jusqu’à ce que les tarifs soient imposés, le gouvernement du Québec se concentrera sur l’engagement et la diplomatie, dans l’espoir de négocier un accord. Dans ses remarques de mardi, Legault a également souligné la nécessité de renégocier l’entente de libre-échange avec les États-Unis ACEUM, déclarant que lui et d’autres premiers ministres provinciaux ont récemment observé une diminution du nombre de propositions de projets d’investissement étranger. « L’incertitude est plus dommageable pour les investisseurs potentiels », a déclaré le premier ministre. 

Un autre pilier des efforts du gouvernement reposera sur le renforcement des relations avec d’autres pays par le biais des accords de libre-échange existants. Dans une déclaration écrite au Journal de Québec, le bureau de la ministre Fréchette a confirmé sa participation à la réunion du Forum économique mondial de la semaine dernière à Davos, où Fréchette a passé du temps avec des responsables et des entreprises européens dans le but de présenter le Québec comme « LA place pour développer leur entreprise ». 

La mobilisation des groupes d’affaires, d’industrie et de consommateurs contre le projet de loi 69 sur la réforme énergétique du gouvernement du Québec et les hausses de tarifs imminentes s’est intensifiée ces dernières semaines. Lundi, l’Alliance pour la compétitivité énergétique du Québec (AQEC) a publié une déclaration conjointe exhortant le gouvernement à reconsidérer sa position sur les augmentations de tarifs énergétiques. Avant le retour de la législature, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a exprimé des préoccupations similaires. Le premier ministre Legault a déclaré que son gouvernement maintient son engagement à limiter les augmentations du coût de l’électricité à 3 % pour les utilisateurs résidentiels et à 4-5 % pour les utilisateurs industriels. Legault a réitéré aux médias que même avec une augmentation, les prix de l’électricité du Québec sont plus compétitifs que ceux des juridictions voisines. Cependant, l’AQEC maintient que les réformes présentées dans le projet de loi 69 pourraient entraîner une augmentation de 60 % des coûts pour les grands utilisateurs industriels au cours des 10 prochaines années. 

Les progrès de la réforme énergétique du gouvernement du Québec ont été retardés par l’incertitude créée par la menace de tarifs douaniers, ce qui a conduit la ministre Fréchette et le gouvernement à réévaluer certains éléments du projet de loi 69 à la fin de l’année 2024. Il reste encore du travail à accomplir dans l’étude du projet de loi, et il devrait réapparaître à l’ordre du jour législatif de cette session. En attendant, les députés procéderont à des consultations sur d’autres projets de loi, comme le projet de loi 81, visant à réduire le temps nécessaire pour obtenir des autorisations environnementales pour certains projets de transition énergétique, tels que les projets hydroélectriques et éoliens – un autre élément important des objectifs de développement économique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Gouvernement. 

La ministre Fréchette a reconnu les problèmes entourant certains des principaux projets « verts » au Québec, comme Northvolt et Lion Electric, qui ont tous deux rencontré des défis liés aux flux de trésorerie et aux licenciements. Néanmoins, elle est restée optimiste quant à l’avenir de l’industrie des batteries au Québec. Elle a récemment noté qu’il y a encore 20 projets de batteries en cours dans la province, et 100 autres en discussions avec son ministère. 

Le gouvernement Legault poursuivra son objectif d’améliorer l’accès aux soins primaires dans la province. Le gouvernement a récemment nommé un groupe d’experts indépendants chargé de fournir des recommandations d’ici le 31 mars 2025 pour façonner la politique du Québec en matière de services de soins primaires. Le comité sera dirigé par la Dre Élise Boulanger, présidente du Collège des médecins de famille du Québec, le Dr Antoine Groulx de l’Université Laval et Mylaine Breton de l’Université de Sherbrooke. En novembre 2024, plus de 630 000 patients attendaient un médecin de famille, s’appuyant sur des solutions temporaires via le Guichet d’accès à la première ligne (GAP).  

Le ministre Christian Dubé a fixé un objectif pour que chaque Québécois soit inscrit auprès d’un fournisseur de soins primaires d’ici l’été 2026, soit par un CLSC, soit par un groupe de médecine familiale. Cependant, les négociations avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) sont en cours, la FMOQ exprimant des préoccupations quant à l’approche du gouvernement. De plus, la nouvelle agence de santé centralisée de la province, Santé Québec, continue de procéder à des licenciements à grande échelle dans le secteur de la santé conformément à son mandat de réduire les dépenses de 1,5 milliard de dollars d’ici la fin mars 2025.

La course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) a officiellement débuté le 13 janvier 2025 et connait déjà des sursauts. Le nouveau chef sera élu le 19 juin 2025. 

Denis Coderre, malgré des problèmes fiscaux, a résolu ses différends avec l’Agence du revenu du Canada et Revenu Québec, obtenant un règlement de dette. Il reste un candidat connu, mais fait face à la concurrence de Marc Bélanger, qui se concentre sur la politique économique, et de Charles Milliard, qui prône la création d’emplois. 

Pendant ce temps, Pablo Rodriguez a obtenu un soutien important, y compris de l’ancien candidat Frédéric Beauchemin, se positionnant comme le favori avec une plateforme axée sur la croissance économique, l’innovation et les finances publiques. Beauchemin s’est retiré de la course le 13 janvier 2025, déclarant qu’il croit que Rodriguez est le seul candidat ayant l’expérience et la capacité d’unir le Parti libéral du Québec (PLQ). 

Le Parti Québécois continue de mener dans les sondages avec 33 % des intentions de vote, tandis que la CAQ reste à 22 %. Pendant ce temps, le Parti libéral du Québec est monté à 17 % alors que la course à la direction du parti commence, suscitant potentiellement un regain d’intérêt parmi les électeurs. 

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Le premier ministre Legault doit annoncer une élection partielle à Terrebonne d’ici le 9 mars 2025, qui n’a pas eu lieu depuis le départ du « super-ministre » Fitzgibbon en septembre 2024. La CAQ a choisi Alex Gagné, président et fondateur de l’organisme à but non lucratif « À deux pas de la réussite », qui offre du tutorat aux enfants de la région de Lanaudière. Le PQ a déjà nommé Catherine Gentilcore depuis novembre, et les autres partis ont également sélectionné leurs candidats. 

La circonscription de Terrebonne était traditionnellement un bastion du PQ depuis les années 1970 mais elle a été reprise par Pierre Fitzgibbon en 2018. Les dernières données de sondage pour Terrebonne, en date de décembre 2024, montrent le PQ en tête avec 42 % de soutien, suivi de la CAQ à 26 % et du PLQ à 14 %. Cette élection partielle sera un autre défi pour la CAQ, après leur dernière défaite de Jean-Talon. 

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Nous pouvons s’attendre à d’autres changements au sein du cabinet, par exemple, le ministre de la Santé Christian Dubé ne se représentera pas à l’élection d’octobre 2026. 

Avec le début de la session dans un contexte économique nord-américain incertain, en raison des menaces de tarifs de l’administration Trump, pouvant affecter plusieurs secteurs clés de l’économie du Québec, la gestion de ce risque devrait rester une priorité tout au long de la session législative. Le ministre des Finances, Éric Girard, a déjà déclaré que de nouveaux tarifs pourraient affecter la capacité du gouvernement du Québec d’équilibrer le budget dans le délai de cinq ans. Au cours des prochains mois, cela ajoutera une couche de complexité aux priorités du gouvernement, y compris la réévaluation des directives de la province sur les cibles d’immigrants, de résidents temporaires et permanents qui sont attendues d’ici juin 2025. De plus, un projet de loi sur l’intégration doit être déposé cette semaine. 

  • Du 9 au 14 juin 2025 – Élection à la direction du Parti libéral du Québec 2025
  • 5 octobre 2026 – Prochaine élection générale (date fixe)

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