Le vendredi 6 décembre, la session d’automne de l’Assemblée nationale du Québec s’est officiellement clôt après une semaine de séances intensives.
La session a commencé sur une note incertaine avec le départ du « super-ministre » Pierre Fitzgibbon, marquant un changement significatif au sein du cabinet. Au fur et à mesure de la session, la CAQ a fait face à une pression et à des controverses grandissantes, notamment en raison de la faillite de Northvolt.
Sondages périlleux pour le premier ministre, popularité en hausse pour le PQ
Le Parti Québécois reste en tête des sondages avec 35 % des intentions de vote, tandis que la CAQ a perdu trois points. Un nouveau sondage de L’actualité a également révélé que 53 % des Québécois pensent que le Premier ministre Legault devrait démissionner avant les prochaines élections. Cependant, le Premier ministre a assuré qu’il resterait en poste jusqu’aux élections de 2026.
Trouver l’équilibre entre les plafonds d’immigration et les besoins du marché du travail
Une réévaluation au niveau national et provincial a contribué à un resserrement global des politiques d’immigration – une mesure que le gouvernement de la CAQ préconise depuis longtemps. Au cours de la session, le nouveau ministre de l’Immigration du Québec, Jean-François Roberge, a lancé plusieurs initiatives visant à restreindre le nombre de nouveaux arrivants permanents et temporaires. En fin octobre, le gouvernement a annoncé un gel des Certificats de sélection du Québec, limitant l’accès au Programme régulier des travailleurs qualifiés et au Programme de l’expérience québécoise. Dans les derniers jours de la période de séances intensives de décembre, le gouvernement a adopté un projet de loi visant à restreindre l’entrée des étudiants internationaux dans les établissements d’enseignement supérieur du Québec.
Le ministre Roberge a également annoncé une pause du programme « Journées Québec », un programme visant à recruter de la main-d’œuvre qualifiée pour des secteurs clés tels que l’aérospatiale, les batteries et la mécanique, les soins infirmiers et l’éducation. Roberge a noté que le gouvernement réévalue sa stratégie afin de s’aligner avec les nouveaux objectifs de résidents temporaires et permanents. Les lignes directrices d’un nouveau plan devraient être annoncées en juin 2025.
La stratégie d’immigration du Québec a historiquement favorisé le recrutement en provenance de régions francophones pour répondre aux pénuries de main-d’œuvre domestique, mais ces nouvelles restrictions ajouteront de la pression à un marché du travail déjà tendu. Les représentants de l’industrie ont qualifié ces restrictions comme étant dévastatrices.
Lors de la conférence Net-Zero Edge à Ottawa à la mi-octobre, Michael Sabia, PDG d’Hydro-Québec, a déclaré que le Québec a besoin d’environ 35 000 travailleurs par an pour répondre aux besoins en main-d’œuvre. Pour les années de pointe, entre aujourd’hui et 2035, ce nombre pourrait atteindre 55 000. Sabia a souligné la nécessité de recruter du talent à l’étranger, en particulier pour garantir que le Québec dispose d’une main-d’œuvre qualifiée suffisante pour soutenir la transition énergétique en cours.
Trouver le bon équilibre pour le recrutement étranger sera de plus en plus important, car le taux de croissance de la population domestique du Québec est en déclin. Dans la mise à jour économique de l’automne 2024, il a été noté que l’accroissement naturel n’a pas contribué à la croissance de la population pour la première fois depuis la publication de ces statistiques.
Santé Québec affronte des turbulences
La réforme du système de santé du Québec a attiré une attention intense de la part des travailleurs de la santé, des opposants politiques et des observateurs. Pendant la session d’automne, l’accent a été mis sur les négociations du gouvernement avec les infirmières, les mandats exigeant que les nouveaux médecins exercent dans le secteur public pendant les cinq premières années de leur carrière, et le lancement de Santé Québec.
La centralisation des institutions de santé du Québec sous Santé Québec était prévue pour le 1er décembre 2024. Cependant, le lancement de l’agence a été éclipsé par la révélation que des coupes « non négociables » d’environ 1,5 milliard de dollars doivent avoir lieu. Le ministre Dubé a admis que les services seront impactés par ces coupes et que le moment de l’intégration n’est pas « idéal ». Une semaine après le lancement de Santé Québec, le ministre Dubé a également annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat aux élections de 2026.
La carrière politique de Dubé a duré près de 12 ans, pendant laquelle il a occupé les postes de ministre de la Santé et des Services sociaux, président du Conseil du Trésor, ministre par intérim des Aînés et ministre responsable de l’Administration gouvernementale.
Législation sur glace : la réforme énergétique paralysée par les tensions commerciales et politiques
La volatilité a continué de marquer le dossier de l’énergie après le départ de Fitzgibbon, avec l’émergence régulière de nouveaux défis. La question a attiré une attention médiatique importante au Québec, car la population est préoccupée par le manque d’énergie propre et les impacts que cela pourrait avoir sur la prospérité économique et sur les générations futures. Après des décennies d’électricité fiable et propre, ce changement s’est produit en très peu de temps. Le souhait de Noël du Premier ministre François Legault a résumé cette incertitude, alors qu’il plaisantait sur le besoin d’une batterie pour démarrer 2025 en trombe, en espérant que « le Père Noël ne fasse pas faillite ».
L’un des projets les plus coûteux de la province, l’usine de batteries propres dirigée par Northvolt, a rencontré encore plus de défis cette session. Après avoir annoncé des plans de réduction de ses opérations mondiales, Northvolt a demandé la protection contre la faillite aux États-Unis. Cependant, l’entreprise insiste sur le fait que son usine au Québec continuera comme prévu, sa filiale canadienne restant non affectée par le processus de faillite. Malgré cette assurance, la situation soulève des inquiétudes quant aux 240 millions de dollars déjà investis par la province et à l’avenir du projet de 7 milliards de dollars. L’industrie des batteries a connu une baisse mondiale ces derniers mois, donc bien que le problème ne soit pas exclusif au Québec, les investissements majeurs du gouvernement de la CAQ dans le secteur les exposent à un risque élevé. Au Canada seulement, deux projets d’un milliard de dollars dirigés par Umicore et E-one Moli ont été mis en pause ou carrément annulés.
L’élection de Donald Trump le 5 novembre a ajouté une couche supplémentaire d’incertitude à la transition énergétique du Québec. Le projet de loi 69 du Québec était notablement absent de l’ordre du jour législatif lors de la dernière semaine de travail à l’Assemblée nationale, ce que la ministre Fréchette a révélé être une réponse délibérée au changement de régime imminent au sud de la frontière. Elle a déclaré que si des tarifs sont imposés au Québec, cela pourrait modifier la compétitivité de la province en matière d’exportations d’électricité. Étant donné la réévaluation des tarifs d’électricité prévue dans le cadre du projet de loi 69, certains éléments de la législation proposée pourraient être modifiés.
Il reste encore plusieurs étapes dans le processus législatif avant que le projet de loi 69 ne devienne loi. Les députés doivent compléter une étude détaillée en commission et examiner le rapport résultant avant de l’envisager pour adoption.
Course à la tête du PLQ : Qui prendra les rênes?
La course à la direction du Parti libéral du Québec débutera le 13 janvier. En novembre, Pablo Rodriguez a annoncé qu’il démissionnerait de son poste de député fédéral une fois la course commencée, répondant ainsi aux critiques des autres candidats. Malgré les préoccupations concernant ses liens avec le Parti libéral du Canada, Rodriguez a obtenu le soutien de Linda Caron, députée de La Pinière; Michelle Setlakwe, députée de Mont-Royal–Outremont; Désirée McGraw, députée de Notre-Dame-de-Grâce; et de l’ancien ministre Luc Fortin.
Rodriguez reste, en novembre 2024, le favori parmi les prétendants à la direction, avec 28 % des voix des électeurs libéraux au Québec. Denis Coderre suit avec 13 % des voix des électeurs libéraux, suivi par les candidats potentiels Marc Bélanger, Charles Milliard et Frédéric Beauchemin, qui obtiennent respectivement 4 %, 4 % et 1 % de soutien, selon un sondage Léger.
Pendant ce temps, Denis Coderre fait face à une controverse concernant des allégations de dettes fiscales de plus de 266 000 $ envers l’Agence du revenu du Canada et de 134 000 $ envers Revenu Québec, ajoutant encore plus de turbulence à sa campagne. L’ancien maire de Montréal, qui a subi un AVC en 2023, a déclaré que la question serait bientôt résolue et a rejeté les tentatives d’utiliser ses problèmes fiscaux personnels. « Les gens comprendront que je suis capable de résoudre des problèmes », a-t-il affirmé dans un message du 3 septembre.
Le nouveau chef du Parti libéral doit être élu le 19 juin 2025.
À l’horizon
Trois questions clés devraient faire les gros titres en 2025. Premièrement, le Premier ministre François Legault a terminé la session d’automne en évoquant la possibilité d’interdire les prières en public, soulevant des questions sur la laïcité et les limites de l’expression religieuse dans les espaces publics. Cela pourrait s’inscrire dans des discussions plus larges sur les valeurs du Québec, car le premier ministre a également mentionné qu’il souhaite que le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, travaille sur une constitution provinciale qui refléterait des valeurs telles que l’égalité des sexes, la laïcité et l’intégration des immigrants. Enfin, la menace de tarifs sous une éventuelle administration Trump pose un risque sérieux pour l’économie du Québec, en particulier pour l’exportation d’électricité vers la Nouvelle-Angleterre et New York. Si ces tarifs sont imposés, le Québec pourrait devoir s’adapter à de nouveaux défis commerciaux.
Dates clés à venir
- Congé d’hiver : du 7 décembre au 27 janvier 2025
- Élection à la direction du Parti libéral du Québec en 2025 : du 9 au 14 juin 2025
- Prochaines élections (date fixe) : le 5 octobre 2026