• Déc 06, 2024
  • Perspectives

La menace tarifaire de Donald Trump

Prime Minister Justin Trudeau, not shown, meets U.S. President Donald Trump at Winfield House in London on Tuesday, Dec. 3, 2019. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick

Le 25 novembre, Donald Trump déclarait que, dès son entrée en fonction, en janvier prochain, il signerait un décret imposant au Mexique et au Canada un tarif douanier de 25 % sur TOUS les produits arrivant sur le territoire américain, à moins que ses deux voisins ne mettent un terme à ce qu’il appelle une « invasion » de drogues, notamment de fentanyl, et d’étrangers en situation irrégulière aux États-Unis.

Compte tenu du degré élevé d’intégration des économies canadienne et américaine, de l’importance des chaînes d’approvisionnement étroitement imbriquées et de la valeur des échanges commerciaux entre les deux pays, de nombreux observateurs ont accueilli la déclaration d’intention de M. Trump comme une « menace existentielle » pour le Canada. De nombreux groupes d’intervenants ont qualifié ces menaces de « catastrophiques » pour l’économie canadienne. Il est clair que, jusqu’à l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier 2025, cette question dominera la politique nationale et provinciale du Canada.

Dans le présent document d’information, on évalue les effets que pourrait avoir l’imposition de tels droits sur le Canada et on passe en revue les possibles stratégies d’atténuation qui sont à la disposition du Canada. Étant donné qu’il reste environ six semaines avant l’investiture de Donald Trump, nous ignorons tout simplement si la nouvelle administration donnera suite à la déclaration du 25 novembre et, le cas échéant, comment elle le fera. Nous ne savons pas non plus si les interventions canadiennes parviendront à dissiper la menace d’ici là. Dans les semaines à venir, de nombreux éléments seront en jeu de part et d’autre de la frontière.

Le 29 novembre dernier, le premier ministre a pris l’initiative de se rendre à Mar-a-Lago, en Floride, pour dîner avec le président élu Trump et plusieurs de ses ministres. Justin Trudeau devenait ainsi le premier chef d’État du G7 à rencontrer M. Trump depuis son élection. M. Trudeau était accompagné du ministre de la Sécurité publique, Dominic Leblanc, et de son chef de cabinet, Katie Telford.

@DaveMcCormickPA/X

Les personnes invitées à ce dîner joueront toutes un rôle essentiel au sein de l’administration Trump, notamment en ce qui concerne les dossiers canado-américains importants :

  • Howard Lutnick est le candidat au poste de secrétaire au commerce, dont la mission est de « favoriser, promouvoir et développer le commerce extérieur et intérieur ».
  • Mike Waltz est pressenti pour devenir conseiller à la sécurité nationale. Ancien représentant de la Floride au Congrès, il a déjà critiqué Justin Trudeau, qualifiant notamment de « honteuse » son abstention lors d’un vote sur le génocide chinois des Ouïghours musulmans. Il a également déploré que le gouvernement Trudeau ait autorisé la vente d’une mine de lithium à une entreprise publique chinoise.
  • Julia Nesheiwat, l’épouse de M. Waltz, est vice-présidente responsable des politiques et perspectives, chez TC Energy, une société dont le siège social est à Calgary et qui possède et exploite plusieurs gazoducs et oléoducs. Elle a travaillé dans les administrations de quatre présidents américains.
  • Doug Bergum est actuellement gouverneur du Dakota du Nord et candidat au poste de secrétaire de l’intérieur, le ministère responsable de la gestion et de la conservation de la plupart des terres fédérales et des ressources naturelles, ainsi que des parcs nationaux. Il est également désigné comme directeur du nouveau « Conseil national de l’énergie ».
  • Dina Powell, épouse du sénateur élu de Pennsylvanie, Dave McCormick. Mme Powell a été conseillère adjointe à la sécurité nationale au sein de la première administration Trump. Elle est connue des membres du cabinet du premier ministre.

Dans un message X publié après la rencontre avec son homologue canadien, M. Trump a qualifié la réunion de « productive » et a déclaré qu’il avait abordé plusieurs questions avec Justin Trudeau, notamment « la crise du fentanyl et de la drogue qui a décimé tant de vies dans la foulée de l’immigration illégale; les accords commerciaux équitables qui ne mettent pas en péril la subsistance des travailleurs américains et l’énorme déficit commercial des États-Unis vis-à-vis du Canada ». Un porte-parole canadien a déclaré que rien ne garantissait que les droits de douane ne seraient pas mis en application, mais la délégation canadienne a pris le chemin du retour avec optimisme, une solution semblant possible. Le ministre de la Sécurité publique, M. Leblanc, a déclaré ceci : « Nous avons parlé de l’interdépendance de nos deux économies et de la manière dont cela s’articulait. Nous avons également parlé des effets néfastes que de tels droits de douane auraient sur de nombreux consommateurs américains et des raisons pour lesquelles il est dans notre intérêt de travailler ensemble pour régler des préoccupations communes en matière de sécurité ».

Les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis sont vastes, mutuellement bénéfiques et fortement intégrées :

  • Le Canada est le premier partenaire des États-Unis en ce qui a trait au commerce des biens et des services. Selon le service de recherche du Congrès américain, en 2023, le Canada a exporté 78 % de ses biens vers les États-Unis et la moitié de ses biens provenait des États-Unis.
  • En 2023, les trois principales exportations canadiennes vers les États-Unis étaient l’énergie (103 milliards de dollars), les véhicules à moteur (73 milliards de dollars) et les métaux primaires pour l’industrie manufacturière (35 milliards de dollars).

Du 28 novembre au 1er décembre 2024, Earnscliffe Strategies a mené une enquête représentative auprès de 2 018 répondants vivant au Canada[1]. À des fins de comparaison uniquement, un sondage de cette envergure aurait une marge d’erreur de plus ou moins 2 % au niveau de confiance de 95 %.

Les résultats de l’enquête sont les suivants :

  • Une grande majorité (90 %) des personnes interrogées déclarent tout au moins être au courant des détails de l’annonce du président élu, Donald Trump, 44 % d’entre elles déclarant être très au courant de ces détails.
  • Quatre répondants sur cinq (80 %) se disent assez ou très préoccupés par l’annonce relative aux droits de douane du président élu, Donald Trump.
  • Moins de la moitié (41 %) des personnes interrogées disent faire très confiance ou assez confiance à la capacité du gouvernement fédéral de répondre à cette annonce, et une personne sur cinq (21 %) déclare ne pas du tout faire confiance à la capacité du gouvernement fédéral à y répondre.
  • Les personnes interrogées sur la capacité de leur gouvernement provincial à répondre à cette annonce affichent des niveaux de confiance (43 % à 47 %) similaires dans la plupart des régions du Canada. Le Québec fait exception, 61 % des répondants disant ne pas tellement faire confiance ou ne pas faire confiance du tout à la capacité de leur gouvernement provincial de répondre à l’annonce.
  • À la question de savoir s’il est probable que les États-Unis appliquent des droits de douane sur les marchandises produites au Canada, près des trois quarts (72 %) répondent que c’est très probable ou assez probable.
  • Interrogés sur ce qui se produirait si les États-Unis mettaient leur menace à exécution, les répondants déclarent pour la plupart que cela aurait des effets plutôt négatifs ou très négatifs sur l’économie canadienne (83 %) et sur eux-mêmes personnellement (61 %).
  • Les répondants perçoivent différemment l’intensité des effets que pourrait avoir cette mesure. Un nombre important de personnes interrogées (47 %) affirment que cela aurait des effets « très » négatifs sur l’économie canadienne. En comparaison, un nombre important (42 %) déclare que l’effet serait « quelque peu » négatif pour eux-mêmes.

Comme l’a souligné l’Institut Fraser, « la Constitution américaine donne au Congrès le pouvoir d’imposer des droits de douane et de réglementer le commerce avec les pays étrangers. Mais le Congrès a délégué de manière sélective au président le pouvoir d’imposer une série de restrictions commerciales aux pays étrangers en vertu des dispositions de diverses lois du Congrès ».

  • L’article 232 de la loi sur l’expansion du commerce de 1962 confère au président le pouvoir d’ajuster les importations considérées comme une menace pour la sécurité nationale, y compris en imposant des droits de douane. En mars 2018, dans le cadre des négociations menant à l’éventuel Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), Trump a invoqué cet article pour exercer une pression sur le Canada. En effet, il a alors imposé des droits de douane de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium provenant du Canada.
  • En outre, en vertu de l’article 301 de la loi sur le commerce de 1974, le président peut imposer des tarifs douaniers de rétorsion lorsqu’un « acte, une politique ou une pratique d’un pays étranger […] viole les dispositions de tout accord commercial ou est incompatible avec lui ou empêche les États-Unis de bénéficier des avantages d’un tel accord, ou […] est injustifiable et pèse ou restreint le commerce des États-Unis ».

Étant donné que l’article 301 de la loi sur le commerce de 1974 souligne bien que cette disposition peut s’appliquer à « tout accord commercial », Trump pourrait invoquer cet article pour passer outre les dispositions de l’ACEUM. Les droits de douane qu’il a menacé d’imposer sur les produits canadiens et mexicains contreviendraient de manière flagrante à l’ACEUM. Cependant, comme on l’a indiqué ci-dessus, le président dispose sans aucun doute d’une série d’outils juridiques qui lui permettrait d’ignorer l’accord. Il serait possible d’intenter des recours en justice, mais il faudrait des années avant que le tout ne soit résolu.

Une certaine confusion règne au Canada quant à la taille et à l’étendue du problème des immigrants clandestins à la frontière avec les États-Unis. Alors que la plupart des médias et certains ministres ont évalué à 23 721 le nombre de passages illégaux du Canada vers les États-Unis au cours de l’année 2023, le problème est en réalité beaucoup plus important. Une lecture plus précise des statistiques mensuelles du service américain des douanes et de la protection des frontières (CBP) montre que, au cours de l’année écoulée, les agents du CBP ont intercepté environ 198 000 personnes entrées illégalement aux États-Unis depuis la frontière canadienne. Ce chiffre ne représente qu’une fraction du nombre de personnes (2,1 millions) qui entrent aux États-Unis par la frontière sud avec le Mexique, mais il s’agit tout de même d’un nombre important. De plus, cela représente une augmentation par rapport à 2022, alors que le nombre de passages illégaux s’établissait à 90 000.

THE CANADIAN PRESS/Aaron Lynett

En ce qui concerne le fentanyl, les chiffres comparatifs avec le Mexique sont tout à fait différents. L’année dernière, les agents des douanes américaines ont saisi 43 livres de fentanyl à la frontière canadienne. Comme l’a récemment souligné le Globe and Mail, « cela représentait moins de 0,2 % de la quantité (21 900 livres) interceptée aux États-Unis. Plus de 96 % de ce total, soit 21 100 livres, ont été saisis à la frontière mexicaine ».

Dans les semaines qui ont précédé la menace tarifaire de Trump, plusieurs premiers ministres ont exprimé leurs appréhensions et leurs inquiétudes quant à la capacité du Canada à composer avec cette nouvelle administration. Le premier ministre du Québec, François Legault, a déclaré que les craintes de Trump concernant l’immigration étaient « légitimes » et a appelé à une gestion plus stricte de la frontière avec les États-Unis. La première ministre de l’Alberta, Daniellle Smith, a qualifié de « valables » les inquiétudes de Trump concernant la porosité de la frontière canado-américaine et a appelé le gouvernement fédéral à travailler avec la nouvelle administration américaine pour résoudre ces questions immédiatement afin d’éviter « tout droit inutile sur les exportations canadiennes vers les États-Unis ».

Maintenant que le premier ministre s’est rendu en Floride pour rencontrer le président élu, il a probablement réussi à réaffirmer son leadership auprès de ses homologues en ce qui a trait aux droits de douane et aux menaces qui pèsent sur le Canada. Cependant, il reste encore beaucoup à faire.

Voici un premier aperçu des efforts qui pourraient être déployés :

Canada will focus firLe Canada s’efforcera d’abord de répondre aux préoccupations de Trump relatives au fentanyl et à la sécurité aux frontières.st on addressing Trump’s border security and fentanyl concerns

Ce travail a déjà commencé. À l’issue de la réunion avec les premiers ministres, la vice-première ministre, Chrystia Freeland, et le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, ont déclaré qu’Ottawa était prêt à injecter davantage d’argent dans l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Lors de son passage en Floride, le premier ministre a déclaré à M. Trump qu’il renforcerait la sécurité le long de la frontière canado-américaine, notamment en augmentant la surveillance par hélicoptère et par drone, ainsi que le personnel frontalier. Les fonds nécessaires au financement de ces ressources supplémentaires seront inclus dans l’énoncé économique de l’automne, qui sera publié avant les vacances de Noël.

En ce qui concerne le fentanyl, dans la foulée de la réunion qui a eu lieu en Floride, le porte-parole canadien a déclaré que « les responsables canadiens ont été frappés par l’importance que le problème du fentanyl revêt aux yeux de M. Trump et par le fait que tout ce que le Canada pourra faire pour y remédier est essentiel ». Surveillez les nouvelles mesures que prendra le Canada dans le dossier du fentanyl.

Grande priorité : Les trois principales exportations du Canada vers les États-Unis – le pétrole, l’automobile et les métaux destinés à l’industrie manufacturière

Exportations de pétrole : Étant donné le volume de pétrole que l’Alberta exporte vers les États-Unis, des efforts considérables seront déployés pour convaincre Trump et ses représentants que les droits de douane proposés sur ce produit vont à l’encontre de l’objectif américain d’améliorer l’autosuffisance énergétique du pays. Comme l’a déclaré la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, à l’issue du dîner en Floride, « cela démontre une fois de plus qu’une relation solide avec les États-Unis en matière de sécurité et d’économie dépend directement de l’engagement de notre pays à fournir aux États-Unis le pétrole et le gaz dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs de sécurité énergétique et d’accessibilité financière ». Le gouvernement fédéral gagnerait aussi à ce que le pétrole soit exonéré de ces tarifs douaniers. En effet, une étude réalisée en 2021 par EnergyNow montre que, entre 2007 et 2019, le secteur pétrolier et gazier de l’Alberta a contribué aux recettes fédérales à hauteur de 53 milliards de dollars.

Malgré ses critiques constantes de la politique énergétique du gouvernement fédéral, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, ainsi que le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, seraient les mieux placés pour approfondir cette question avec le membre désigné du cabinet, Doug Bergum, l’actuel gouverneur du Dakota du Nord.

Véhicules à moteur : Flavio Volpe, président de l’Association des fabricants de pièces automobiles, a déclaré qu’il n’était pas raisonnable d’appliquer une telle taxe aux pièces automobiles, qui peuvent traverser la frontière jusqu’à huit fois avant de se retrouver dans un véhicule fini. Ainsi, au Canada, aux États-Unis et au Mexique, les constructeurs automobiles seront unanimes pour affirmer que les droits de douane proposés porteront un coup très dur à l’intégration de l’industrie en Amérique du Nord. En outre, selon AutoTrader, le prix moyen d’une voiture neuve était de 65 913 dollars en octobre 2024. Dans le pire des cas, si des droits de douane de 25 % venaient à s’appliquer, le prix moyen passerait à environ 82 000 dollars.

Des ministres fédéraux importants et le premier ministre de l’Ontario, M. Ford, seront probablement déployés dans les États dotés de secteurs de production automobile pour prendre contact avec de hauts responsables, y compris des gouverneurs, et présenter un front uni contre les droits de douane proposés.

Les métaux pour l’industrie manufacturière : Selon un rapport récent de TD Bank, « en 2022, les États-Unis ont désigné 50 minéraux comme essentiels à l’économie américaine et à la sécurité nationale… Les États-Unis ne disposent que de gisements ou de capacités de raffinage minimes pour la plupart de ces minéraux. Le pays doit donc s’approvisionner auprès de ses partenaires commerciaux. Or, la Chine domine la capacité mondiale d’affinage de plus de la moitié de ces minéraux essentiels, ce qui pose un problème aux États-Unis dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre les deux pays.

Le Canada aurait donc l’occasion de devenir pour son voisin du Sud un fournisseur privilégié de ces minéraux essentiels, mais il devra d’abord procéder à des changements majeurs. Comme l’a récemment déclaré Jonathan Price, président-directeur général de Teck Resources, lors d’un événement parrainé par le Conseil canadien des affaires et la chambre de commerce américaine au Canada (AmCham Canada) sur le renforcement de la sécurité des minéraux essentiels, « nous devons trouver ensemble un moyen d’abolir les délais d’approbation, souvent longs et imprévisibles, car, comme l’expérience nous l’a montré, ils peuvent dissuader les nouveaux investissements miniers au Canada et aux États-Unis ». Le Canada devra veiller à ce que les projets d’extraction de minéraux essentiels puissent se concrétiser rapidement, sans attendre 10 à 15 ans.

Approches plus générales

Les bases ont été jetées pour reconstituer l’approche d’Équipe Canada. Selon Politico, il y a un an, alors que Trump se dirigeait à nouveau vers l’investiture républicaine, l’ambassade du Canada à Washington a commencé à répertorier toutes les relations politiques et commerciales qu’elle entretenait dans chaque État américain. C’est ainsi qu’une version révisée du plan d’Équipe Canada a vu le jour, sous la direction de l’ambassadrice canadienne, Kirsten Hillman, du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, et de la ministre du Commerce international, Mary Ng. Ce plan vise à « courtiser les législateurs et les chefs d’entreprise ‘influents », en particulier dans les endroits qui ont toujours affiché une certaine ambivalence à l’égard du Canada – notamment le Texas, l’Arkansas, la Louisiane, le Mississippi et la Floride”.

Comme le souligne Xavier Delgado, de l’Institut du Canada au Wilson Centre, « le Canada est le premier marché d’exportation de 34 États américains; il représente plus de 40 % des exportations totales de quatre États (Arkansas, Maine, Michigan et Dakota du Sud) et plus de 25 % des exportations de douze autres États (Idaho, Illinois, Indiana, Iowa, Minnesota, Missouri, Ohio, Oklahoma, Pennsylvanie, Vermont, Virginie-Occidentale et Wisconsin). Selon les produits visés par ces possibles droits de douane, dans certains États, des industries et des collectivités entières pourraient être touchées par les mesures de rétorsion canadiennes ».

Il faut s’attendre à ce que les premiers ministres canadiens concernés et des ministres fédéraux choisis se voient confier des rôles de communicateurs au sein d’Équipe Canada. Leur travail consisterait à sensibiliser ces États aux répercussions que pourraient avoir les tarifs douaniers de Trump sur les relations commerciales des deux pays. Pour soutenir ces activités de sensibilisation, le 2 décembre dernier, le premier ministre Ford a annoncé le lancement d’une campagne publicitaire éclair de plusieurs millions de dollars destinée au public américain et vantant l’importance de l’Ontario pour l’économie américaine. La campagne sera diffusée sur Fox News pendant les heures de grande écoute, pendant la diffusion des matchs de football de la NFL et dans les aéroports de Washington pendant les fêtes de fin d’année. Au cours de la nouvelle année, la campagne prendra de l’ampleur et sera mise en œuvre dans l’État de Washington (publicité sur les abribus et panneaux d’affichage) et dans des États cibles (canaux numériques, placement de choix pendant la diffusion en continu du Super Bowl sur l’application FOX Sports).

Les fonctionnaires fédéraux le nieraient si on le leur demandait, mais le gouvernement fédéral est en train d’élaborer une liste des importations en provenance des États-Unis qui feront l’objet de représailles si les États-Unis passaient leur menace à exécution. C’est l’approche qui a été adoptée en 2018 lorsque Trump a imposé des droits de douane sur les importations canadiennes d’acier et d’aluminium.


[1] Earnscliffe a conçu et analysé l’enquête en prenant comme échantillon le panel LEO de Léger.