Jeudi, le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a déposé à l’Assemblée nationale le point sur la situation économique et financière du Québec.
La mise à jour économique offre des investissements additionnels de 2,1 milliards de dollars d’ici cinq ans centrés sur le soutien au secteur forestier, l’accès au logement, la sécurité et le soutien au transport collectif. Malgré ces efforts, le ministre insiste sur la nécessité du respect des budgets de la part des ministères, tout en prévoyant clore l’année financière 2024-2025 avec un déficit de $11 milliards de dollars, tel que prévu dans le budget. Cependant, le déficit pour l’année 2025-2026 pourrait monter jusqu’à $9,2 milliards de dollars, soit 700 millions de dollars de plus que prévu.
Un trajet vers la croissance de l’économie nationale
À la suite des ralentissements de 2023, l’économie québécoise a amorcé sa reprise. La progression du PIB réel devrait s’élever à 1,2 % en 2024, alors qu’une augmentation de 0,6 % était anticipée lors du dernier budget. Pour 2025, la progression du PIB devrait s’accélérer pour atteindre 1.5%.
Toutefois, le ministre des Finances dénote que la perspective de croissance économique pour 2025 est revue à la baisse, attribuant cette évolution à la réduction du nombre de résidents non permanents.
La croissance observée au Québec est en ligne avec le trajet du reste du Canada pour l’année 2024. En 2025, l’économie du Canada pourrait connaître une croissance un peu plus forte que celle du Québec, tandis que les États-Unis pourraient subir un déclin.
Marché du travail tendu, taux de chômage toutefois plus bas que la moyenne canadienne
L’énoncé rapporte que le marché du travail donne des signes de ralentissement depuis le début de 2024, dû à la politique monétaire restrictive freinant la demande de main d’œuvre. De son côté, l’offre de travail, alimentée par une forte croissance démographique, connaît une hausse notable : la population active devrait croître de 1,3 % en moyenne cette année, dépassant largement la création d’emplois, estimée à seulement 0,4 %. Cette évolution pourrait porter le taux de chômage à 5,4 % en 2024, contre 4,5 % en 2023. Cette détente du marché de l’emploi risque également de mener à un ralentissement de la croissance des salaires, qui passerait de 5,6 % en 2024 à 3,5 % en 2025. Cependant, à 5,7 % en octobre 2024, le taux de chômage du Québec reste le plus bas des provinces (6,5 % pour l’ensemble du Canada).
L’inflation en baisse
Au Québec, les pressions inflationnistes se sont atténuées, parallèlement aux tendances observées à l’échelle mondiale. D’après le ministère des Finances du Québec, l’inflation est passée de 3,3 % en janvier 2024 à 1,3 % en septembre. Il est prévu que le niveau d’inflation pourrait atteindre 2,46% en 2024, une forte réduction par rapport au niveau de 4,49% pour 2023. Cette tendance pourrait se poursuivre en vue d’atteindre 2,25 % en 2025, ce qui en conjonction avec la diminution des taux d’intérêt, soutiendra la croissance économique prévue pour la prochaine année fiscale.
Hausse des dépenses
Les dépenses de portefeuilles ont augmenté plus que prévu pour cette année, avec une hausse de 2,9 G$ par rapport aux prévisions dans le budget 2024-2025, déposé en mars. Cette augmentation est attribuable aux nouvelles initiatives annoncées depuis le budget, totalisant 365 M$, aux révisions notables au portefeuille Santé et Services sociaux, ainsi qu’au décalage dans le rythme de réalisation des infrastructures liées principalement au transport en commun, aux projets d’infrastructures locales, aux établissements d’enseignement supérieur et aux logements sociaux.
La demande intérieure et la consommation des ménages ont contribué fortement à la croissance économique pour l’année 2024, mais les dépenses par les entreprises reprendront de la vigueur en 2025. Cela représentera la première période de reprise dans ce domaine depuis 2021. Les facteurs contribuant à l’accroissement sont : la diminution des taux d’intérêts, les projets d’envergure dans les secteurs miniers et dans la filière batterie, l’amélioration de la confiance des entreprises et les investissements liés à la transition vers une économie sobre en carbone.
Nouveaux investissements pour les secteurs prioritaires
Afin de soutenir les secteurs clés, le ministre Girard a annoncé de nouveaux investissements ciblés de
2,1 G$ comprenant :
252 M$ pour augmenter le soutien au secteur forestier. Cette augmentation apporte le soutien total prévu pour les prochaines années à une valeur de 540 M$, y compris 100 millions de dollars pour de l’aide financière sous forme de prêts et 440 millions de dollars pour investir dans les efforts de reboisement. Le ministre Girard a souligné l’importance du secteur forestier pour l’économie québécoise :
Le secteur forestier joue un rôle de premier plan dans l’économie du Québec et le développement de ses régions. Les initiatives que nous annonçons aujourd’hui portent à plus de 1 milliard de dollars les sommes investies par notre gouvernement pour lui venir en aide depuis l’automne 2023.
– Eric Girard, ministre des Finances et ministre responsable des Relations avec les Québécois d’expression anglaise
218 M$ pour consolider le soutien aux Québécois, comprenant le soutien favorisant l’accès au logement et l’augmentation des suppléments de revenu de travail pour les prestataires d’assistance sociale.
433 M$ pour assurer la sécurité des collectivités. Ces mesures incluent des fonds additionnels pour assurer la sécurité des collectivités en répondant aux impacts des inondations, en améliorant la couverture cellulaire et en honorant les obligations de couverture policière au Nunavik.
1,2 G$ pour favoriser le développement des collectivités. Le transport collectif demeurera une priorité pour le gouvernement. Près de 880 M$, soit la majorité de cet investissement de 1,2 G$, sera consacrée au plan quinquennal d’aide au transport collectif. Le gouvernement a également annoncé un investissement de 300 millions de dollars pour les quatre prochaines années pour la vitalité de la métropole et de la Capitale-Nationale.
À surveiller
L’élection partielle dans Terrebonne n’a toujours pas été déclenchée par le premier ministre suite à la démission de Pierre Fitzgibbon. La loi l’oblige à le faire dans un délai de six mois, soit d’ici le mois de mars prochain. Cependant, ceci n’a pas empêché le Parti Québécois, présentement en tête dans les sondages, de réclamer son déclenchement et de présenter leur candidate, Catherine Gentilcore. Les autres partis ont eux aussi sélectionné leurs candidats. La circonscription de Terrebonne avait été raflée en 2018 par l’ancien super-ministre après avoir été un bastion péquiste depuis les années 70. Il s’agira d’un autre test pour la CAQ suite à leur défaite dans Jean-Talon.
François Legault est le 32e premier ministre du Québec. Son mandat aura duré presque huit ans lors des prochaines élections générales. Seulement six premiers ministres du Québec ont occupé la fonction pour plus de deux mandats, ce qui veut dire que si François Legault était réélu en automne 2026, il pourrait dépasser René Lévesque et Jean Charest dans le classement des premiers ministres ayant servi le plus longtemps.